vendredi 31 octobre 2008

Part 12 : Chez Sylvestre

Chers/ères restophiles,

Nés au Québec de parents immigrants, vous êtes exilés à Madrid depuis plus de 20 ans et avez cheminé dans le monde de la restauration depuis, commençant comme laveur de salades. Vous décidez de vous partir un resto afin de faire découvrir un brin de che-vous aux espagnols. Où pourriez-vous bien vous installer? Dans un quartier ouvrier défavorisé de la ville bien-sûr! C’est du moins ce qu’a décidé Sylvestre pour son restaurant Les Délices de l’île Maurice au 272 Hickson à Verdun, un Mauricien d’origine né de parents chinois et établi au Québec depuis une vingtaine d’années. C’est à cet endroit que se déroulait la 12e étape de notre périple gastrocomique par un frette mardi soir, établissement suggéré par Pat du célèbre couple Pat et Lynda.

Tel qu’indiqué la semaine dernière, la sortie se fait en compagnie de Mme Gaumouche qui n’a pas su nous diriger de façon optimale vers notre destination à titre de co-pilote honorifique. Notre mauvais karma directionnel se poursuit donc, malgré une co-pilote différente.

Au sujet de l’ Île Maurice à présent…

- « Quelqu’un pourrait me dire quelque chose sur l’Île Maurice? » demande le professeur.
- « Moi moi moi! » s’écrie la petite Gen, la main bien haute tendue.
- « Vas-y ma belle. » indique le professeur en pointant la trépignante Gen.
- « L’île Maurice est située dans le sud-ouest de l’Océan Indien, à côté de l’Île de la Réunion, ses habitants sont un ramassis de colons français… »
- « GAGNON! » coupe le professeur alors que le petit JF s’est mis à rire à gorge déployée. «Gen a dit des colons français, pas des colons qui parlent français! Nul rapport avec les consanguins de ton village perdu. Tu devrais écouter un peu au lieu de niaiser sinon tu vas finir en Finance dans un bear market. Tu peux continuer Gen. »
- « Comme je disais… » enchaîne Gen tout en jetant un regard narquois du coin de l’œil vers le petit JF hébété, « ses habitants sont un ramassis de colons français et d’esclaves originaires d’Afrique, de Chine et d’Inde amenés pour travailler dans les champs de canne à sucre. »

Imaginez donc 1.2M de personnes entassés sur une île qui parlent plus de 9 langues (anglais, français, créole, hindi, ourdou, mandarin, tamoul, hakka, etc.), ça vous donne une belle fricassée de monde aux inspirations culinaires plus que variées.

Finalement arrivés vers les 18h30 un mardi soir, nous nous frappons à une porte fermée! D’une auto stationnée aux abords, une femme nous informe de faire attention aux matières malodorantes laissées par certains canins au pas de la porte. Nous l’en remercions. Nous cognons donc à la porte et Sylvestre lui-même vient nous ouvrir. Une fois à l’intérieur, le plancher s’avérera douteusement glissant… La mise en garde au dehors s’est vraisemblablement avérée trop tardive dans mon cas… Ça commence bin t *&*!$*% … Sylvestre, le très sympathique proprio de 64 ans fait rouler son petit établissement depuis treize années, seul les mardi/mercredi (de 17h à 22h) alors que les jeudis, vendredis et samedis aux mêmes heures, il est épaulé par un de ses huit frères. Être ouvert plus longtemps ça voudrait dire hypothéquer sa qualité de vie, et payer plus d’impôts, et il n’en est tout simplement pas question! Le resto, au premier étage d’un duplex style plateau mais dans un quartier un peu plus trash, ressemble à une cafétéria de garderie avec ses chaises droites munies de balles de tennis aux pattes pour épargner le plancher, des bouttes de mac-tac disparates collés à gauche à droite et des dessins d’enfants tapissant les murs. Pour un mardi soir, le restaurant d’une quarantaine de places sera tout de même assez rempli, peuplé d’une faune relativement jeune qui, d’après un sondage on ne peut moins scientifique, vient de partout sauf de Verdun.

Dans ce décor des plus surprenant, nous nous voyons offrir une assiette de chou frit en amuse-bouche qui s’avérera vraiment excellent, surtout agrémenté des quatre sauces maison. Comme c’est un apportez votre vin, nous ouvrons la bouteille, opération qui se déroulera sans drame pour une troisième sortie consécutive. Par la suite, avec un léger supplément monétaire dont nous ignorerons à jamais le montant, on nous soumet un choix entre trois entrées : saumon fumé, salade de crevettes ou poulet frit à la créole. Nous partageons le tout à trois et tout est fini dans le temps de le dire. Exquis! Sans même avoir à le demander, Sylvestre nous apporte ensuite la soupe du jour aux carottes, vraiment goûteuse et parfaitement épicée. La faim se faisant déjà moins pressante, Sylvestre vient tout de même se tirer une chaise avec nous pour nous jaser du contenu de son frigo. Bar, tilapia, pétoncles, crevettes, saumon, saucisses, poulet ou bœuf mariné et j’en passe. Il faut choisir ce qui nous inspire pour ensuite identifier une sauce à la créole, cajun, au curry, au safran, au beurre à l’ail ou autres pour épouser le tout. Les assiettes sont bien remplies et la viande ou le poisson accompagnés de riz blanc et salade.

Mamme Gaumouche y est allée de pétoncles au cajun alors que Gen opta pour le saumon au beurre à l’ail tandis que pour ma part, j’arrêtai mon choix sur le bar au safran. Seul représentant du sexe fort, je suis le seul à pouvoir claironner pour avoir réussi à finir mon assiette, malgré une pression considérable sur le bouton de mon pantalon alors que les feummes repartiront avec un doggy bag pour leur lunch du lendemain. Tous semblaient plus que satisfaits de leurs choix. Au niveau des critiques négatives, il est de mise d’indiquer que ce n’est pas très diète, la vinaigrette étant servie généreusement sur la salade. Mais l’endroit est tellement sympathique, nous y retournerions sans hésiter dès le lendemain! Correction. Peut-être l’après-lendemain, car à manger de même, personne ne rentrera dans son kit des fêtes.

Si à 19h30 Giorgio tamise les lumières, bin à 21h30, Sylvestre ferme les rideaux de douche faisant office de tentures dans les fenêtres avec des épingles à linge en plastic, sort sa bouteille de rhum où macèrent raisins, pruneaux et écorces d’orange afin de partager avec la clientèle quelques verres su l’bras. Il est évident que nous tenterons de reproduire cette extraordinaire recette! Divin! Mamme Gaumouche pourra confirmer que nous ne comptons pas de bobards quand nous disons que nos hôtes sortent à l’occasion leur boésson maison ainsi que leurs albums de photos en notre compagnie.

La tête remplie des histoires de Sylvestre sur sa jeunesse à l’île Maurice, sur son mode de vie et ses photos de voyage à Cuba, nous quittons le resto vers 22h30 enchantés de notre soirée. Mamme Gaumouche qui marche un tantinet croche est encore sur le choc d’avoir presque dérapé un mardi soir.

Sylvestre semblait nous dire que la retraite approche. À votre place, on se dépêcherait à aller visiter ce petit resto exotico cheapo le plus rapidement possible. Notez qu’il se prélassera sous le soleil de Cuba du 13 décembre au 30 janvier.

Coût total de l’aventure 45$ pour 3 personnes
Cash seulement, pas de réservations, apportez votre vin
Ouvert du mardi au samedi de 17h à 22h

Un coup de cœur! Merci Pat!


Les Délices de l’île Maurice
272 Hickson
Verdun
514.768.6023

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cä me fais plaisir Gen!! Suite à votre super reportage, je crois que vous avez omis le dessert... Il est très surprenant... Si vous y avez goûter, je vous laisse, alors, votre plume pour les décrires... Lâchez pas, c'est super votre blog!!
Pat et Lynda xxx

Anonyme a dit…

Malheureusement, on était juste beaucoup trop plein pour le dessert!!!

va falloir y retourner avec grand plaisir d'ailleurs!