vendredi 31 octobre 2008

Part 12 : Chez Sylvestre

Chers/ères restophiles,

Nés au Québec de parents immigrants, vous êtes exilés à Madrid depuis plus de 20 ans et avez cheminé dans le monde de la restauration depuis, commençant comme laveur de salades. Vous décidez de vous partir un resto afin de faire découvrir un brin de che-vous aux espagnols. Où pourriez-vous bien vous installer? Dans un quartier ouvrier défavorisé de la ville bien-sûr! C’est du moins ce qu’a décidé Sylvestre pour son restaurant Les Délices de l’île Maurice au 272 Hickson à Verdun, un Mauricien d’origine né de parents chinois et établi au Québec depuis une vingtaine d’années. C’est à cet endroit que se déroulait la 12e étape de notre périple gastrocomique par un frette mardi soir, établissement suggéré par Pat du célèbre couple Pat et Lynda.

Tel qu’indiqué la semaine dernière, la sortie se fait en compagnie de Mme Gaumouche qui n’a pas su nous diriger de façon optimale vers notre destination à titre de co-pilote honorifique. Notre mauvais karma directionnel se poursuit donc, malgré une co-pilote différente.

Au sujet de l’ Île Maurice à présent…

- « Quelqu’un pourrait me dire quelque chose sur l’Île Maurice? » demande le professeur.
- « Moi moi moi! » s’écrie la petite Gen, la main bien haute tendue.
- « Vas-y ma belle. » indique le professeur en pointant la trépignante Gen.
- « L’île Maurice est située dans le sud-ouest de l’Océan Indien, à côté de l’Île de la Réunion, ses habitants sont un ramassis de colons français… »
- « GAGNON! » coupe le professeur alors que le petit JF s’est mis à rire à gorge déployée. «Gen a dit des colons français, pas des colons qui parlent français! Nul rapport avec les consanguins de ton village perdu. Tu devrais écouter un peu au lieu de niaiser sinon tu vas finir en Finance dans un bear market. Tu peux continuer Gen. »
- « Comme je disais… » enchaîne Gen tout en jetant un regard narquois du coin de l’œil vers le petit JF hébété, « ses habitants sont un ramassis de colons français et d’esclaves originaires d’Afrique, de Chine et d’Inde amenés pour travailler dans les champs de canne à sucre. »

Imaginez donc 1.2M de personnes entassés sur une île qui parlent plus de 9 langues (anglais, français, créole, hindi, ourdou, mandarin, tamoul, hakka, etc.), ça vous donne une belle fricassée de monde aux inspirations culinaires plus que variées.

Finalement arrivés vers les 18h30 un mardi soir, nous nous frappons à une porte fermée! D’une auto stationnée aux abords, une femme nous informe de faire attention aux matières malodorantes laissées par certains canins au pas de la porte. Nous l’en remercions. Nous cognons donc à la porte et Sylvestre lui-même vient nous ouvrir. Une fois à l’intérieur, le plancher s’avérera douteusement glissant… La mise en garde au dehors s’est vraisemblablement avérée trop tardive dans mon cas… Ça commence bin t *&*!$*% … Sylvestre, le très sympathique proprio de 64 ans fait rouler son petit établissement depuis treize années, seul les mardi/mercredi (de 17h à 22h) alors que les jeudis, vendredis et samedis aux mêmes heures, il est épaulé par un de ses huit frères. Être ouvert plus longtemps ça voudrait dire hypothéquer sa qualité de vie, et payer plus d’impôts, et il n’en est tout simplement pas question! Le resto, au premier étage d’un duplex style plateau mais dans un quartier un peu plus trash, ressemble à une cafétéria de garderie avec ses chaises droites munies de balles de tennis aux pattes pour épargner le plancher, des bouttes de mac-tac disparates collés à gauche à droite et des dessins d’enfants tapissant les murs. Pour un mardi soir, le restaurant d’une quarantaine de places sera tout de même assez rempli, peuplé d’une faune relativement jeune qui, d’après un sondage on ne peut moins scientifique, vient de partout sauf de Verdun.

Dans ce décor des plus surprenant, nous nous voyons offrir une assiette de chou frit en amuse-bouche qui s’avérera vraiment excellent, surtout agrémenté des quatre sauces maison. Comme c’est un apportez votre vin, nous ouvrons la bouteille, opération qui se déroulera sans drame pour une troisième sortie consécutive. Par la suite, avec un léger supplément monétaire dont nous ignorerons à jamais le montant, on nous soumet un choix entre trois entrées : saumon fumé, salade de crevettes ou poulet frit à la créole. Nous partageons le tout à trois et tout est fini dans le temps de le dire. Exquis! Sans même avoir à le demander, Sylvestre nous apporte ensuite la soupe du jour aux carottes, vraiment goûteuse et parfaitement épicée. La faim se faisant déjà moins pressante, Sylvestre vient tout de même se tirer une chaise avec nous pour nous jaser du contenu de son frigo. Bar, tilapia, pétoncles, crevettes, saumon, saucisses, poulet ou bœuf mariné et j’en passe. Il faut choisir ce qui nous inspire pour ensuite identifier une sauce à la créole, cajun, au curry, au safran, au beurre à l’ail ou autres pour épouser le tout. Les assiettes sont bien remplies et la viande ou le poisson accompagnés de riz blanc et salade.

Mamme Gaumouche y est allée de pétoncles au cajun alors que Gen opta pour le saumon au beurre à l’ail tandis que pour ma part, j’arrêtai mon choix sur le bar au safran. Seul représentant du sexe fort, je suis le seul à pouvoir claironner pour avoir réussi à finir mon assiette, malgré une pression considérable sur le bouton de mon pantalon alors que les feummes repartiront avec un doggy bag pour leur lunch du lendemain. Tous semblaient plus que satisfaits de leurs choix. Au niveau des critiques négatives, il est de mise d’indiquer que ce n’est pas très diète, la vinaigrette étant servie généreusement sur la salade. Mais l’endroit est tellement sympathique, nous y retournerions sans hésiter dès le lendemain! Correction. Peut-être l’après-lendemain, car à manger de même, personne ne rentrera dans son kit des fêtes.

Si à 19h30 Giorgio tamise les lumières, bin à 21h30, Sylvestre ferme les rideaux de douche faisant office de tentures dans les fenêtres avec des épingles à linge en plastic, sort sa bouteille de rhum où macèrent raisins, pruneaux et écorces d’orange afin de partager avec la clientèle quelques verres su l’bras. Il est évident que nous tenterons de reproduire cette extraordinaire recette! Divin! Mamme Gaumouche pourra confirmer que nous ne comptons pas de bobards quand nous disons que nos hôtes sortent à l’occasion leur boésson maison ainsi que leurs albums de photos en notre compagnie.

La tête remplie des histoires de Sylvestre sur sa jeunesse à l’île Maurice, sur son mode de vie et ses photos de voyage à Cuba, nous quittons le resto vers 22h30 enchantés de notre soirée. Mamme Gaumouche qui marche un tantinet croche est encore sur le choc d’avoir presque dérapé un mardi soir.

Sylvestre semblait nous dire que la retraite approche. À votre place, on se dépêcherait à aller visiter ce petit resto exotico cheapo le plus rapidement possible. Notez qu’il se prélassera sous le soleil de Cuba du 13 décembre au 30 janvier.

Coût total de l’aventure 45$ pour 3 personnes
Cash seulement, pas de réservations, apportez votre vin
Ouvert du mardi au samedi de 17h à 22h

Un coup de cœur! Merci Pat!


Les Délices de l’île Maurice
272 Hickson
Verdun
514.768.6023

vendredi 24 octobre 2008

Part 11 : Chez les Tibétains

  • Chers/ères restophiles,

    Nous tenons à vous informer d’entrée de jeu que notre visite hebdomadaire s’est effectuée à une date très importante du calendrier québécois, d’autant plus importante cette année car elle marque l’anniversaire d’une institution de notre société : le match d’ouverture à Montréal de la 100e saison des Canadiens. Afin de débuter du bon pied cette saison, il était de mise d’aller se ressourcer et de retrouver momentanément un certain équilibre car la saison qui s’annonce sera fertile en émotions. Pour ce faire, un restaurant tibétain s’avéra de mise, Chez Gatsé, au 317 rue Ontario Est.

    C’est donc accompagné de Social, dont l’apparition initiale dans nos tribulations remonte au Ruby Rouge, que nous nous dirigeons à destination pendant que ce dernier se creusera les méninges pendant le trajet au sujet d’un nouveau manteau se devant d’être acquis pour assister au spectacle de Madonna. Comme lors de la plupart de nos arrivées avec nos heures de souper de clown, nous sommes à même de faire le tour du proprio de l’établissement, étant encore une fois seuls dans la place. Les murs en briques peintes et de grosses pierres foncées projettent une ambiance chaleureuse dès le seuil franchi. Nous découvrons de plus une coquette terrasse à l’arrière qui devrait s’avérer un endroit plus qu’intéressant pour passer une agréable soirée au retour des chaudes soirées, ie dans 8 à 9 mois. Nous nous assoyons donc à l’avant, près d’une fenêtre qui donne sur une vue imprenable d’Ontario à partir de ce demi sous-sol. La musique qui remplit l’espace est méditative et n’est pas sans rappeler ce que pourrait avoir l’air du Peter Gabriel joué à une vitesse deux fois trop lente. Ajoutez à cela de l’encens qui meuble chaque racoin de la place et il est clair que nos chances de léviter avant la fin du repas sont très élevées.

    Après avoir passé 10 minutes à expliquer au serveur que le CH que j’ai de peinturé dans la face ne fait aucunement référence à la CHine, que la casquette avec deux cans et des pailles que j’ai sur le crâne n’est pas encore remplie de bière à 12$ et que la trompette de 4 pieds que je traîne n’est pas pour partir une manifestation pro-anti-whatever-Tibet, nous commandons. Nous nous estimons chanceux qu’il n’ait pas repéré l’odeur émanant de mes pantalons en raison du port de mes boxers chanceux de série que j’ai commencé à porter l’an dernier lors du 7e match contre Boston et qui n’ont encore à ce jour connu l’effet néfaste de quelconque produits nettoyants, préservant ainsi leurs propriétés chanceuses.

    Alors que nous attendons notre entrée en la matière qui prendra la forme d’une soupe aux lentilles et qui s’avérera une version tibétaine de notre soupe aux pois, nous nous échauffons en scandant quelques lignes qu’il pourrait s’avérer nécessaire de crier une fois rendu à la partie quelques minutes plus tard. Comme on m’indique que nous sommes lus par des compatriotes outre-mer du désormais surpayé Mark Streit devant assister à quelques parties un peu plus tard dans la saison, nous vous ferons ici part du Criage d’insanités au Centre Bell 101 :


  • Lorsque un joueur du CH est puni pour avoir à peine effleuré un joueur des méchants, il est de mise de crier : « Voyons donc REF! On joue pas à ringuette ****** ! Booooooooo!».


  • Lorsque un joueur des méchants est puni pour avoir à peine effleuré un joueur du CH, il est de mise de crier : « Yeah! Dans game REF! Good show ».


  • Lorsque un joueur des méchants plonge délibérément pour influencer l’arbitre afin qu’il inflige une punition à un joueur du CH, il est de mise de crier : « T’es pas d’une game de soccer maudit fefi!» (not that there's anything wrong with that...).


  • Lorsqu’un joueur des méchants se fait plaquer solidement dans la bande par Mike Komisarek, il est de mise de crier : « YEEEEEAAAAAAHHHHH! Fin des émissions! ».


  • Lorsqu’un joueur du CH se fait plaquer solidement dans la bande par un méchant, il est de mise de crier : «LARAQUE! LARAQUE! LARAQUE! LARAQUE!».


  • Lorsqu’un joueur du CH est hésitant et tarde à faire un jeu en zone adverse, il est invitant de crier « Saperlipopette, arrête de psalmodier et lance le palet vers le cerbère! » mais nous considérons qu’il est plutôt de mise de crier « SHOOOOOOT *****! ».


  • Lorsqu’un méchant essaie de déjouer un des nôtres en zone du CH près de la bande, qu’un avant du CH se dirige vers un méchant dans un coin en zone adverse ou qu’un méchant tente de faire le trouble devant le filet de Carey ou Jaroslav, il est de mise de crier dans toutes ces situations : « TUUUUUUUUEEEEEEE LLLLLÉÉÉÉÉÉÉÉ! ».


  • Vous pourrez consulter Gen qui se fera un plaisir de vous énumérer toutes les possibilités de mots pouvant être insérés à la place des *****.


  • Il est à noter itou que dès qu’un des méchants dans la liste suivant touche à la rondelle, il est nécessaire de le « booooooooo »er : Zdeno Chara (Boston), Ryder (Boston), Brière (Philadelphie), Hossa (Détroit), Sundin (à déterminer).

    On coupe court à notre petit soirée Canadienne avec l’arrivée de notre entrée de Shapatés, des galettes grillées farcies de viande hachée, l’équivalent d’un pâté à la viande de che-nous. Alors que mes comparses ont tenté leur chance du côté du poulet Lhassa, un poulet mariné grillé accompagné de riz ou de patates au cury (shoko khatsa), on me sert mes momos, des dumplings tibétains, au bœuf et au fromage avec un side-order de tite-nouilles. Gen aura tôt fait d’abandonner l’ingurgitation de son poulet, se plaignant de la complexité relative d’en venir à bout en raison de sa présentation, ie sous de la sauce et de la façon dont c’était coupé. Le Social ne se plaindra point de cet aspect et persévérera, disant apprécier son plat. De mon côté, malgré ma relative aversion pour ce qui est habituellement épicé, j’avoue que j’aurais apprécié que mes momos soient un peu moins sobres.

    En résumé, le décor et l’atmosphère du Gatsé augurait très bien pour que l’expérience en soit une très positive. Nous restons cependant quelque peu sur notre faim en raison d’une cuisine qui à l’image de la musique, aurait peut-être besoin d’être un peu plus relevée. Qu’à cela ne tienne, nous réglons l’addition qui tourne autour d’une soixantaine de dollars, saluons le Social qui continuera probablement de cogiter sur le brin d’étoffe qui sera digne de recouvrir son torse lors du pestacle de la Material Girl et nous dirigeons vers le Temple. Une fois à nos places dans une atmosphère aux antipodes de celle du Gatsé et après avoir accueilli les petits nouveaux George, Alex et Robert ainsi qu’applaudi à tout rompre nos favoris lors de la présentation protocolaire, ie Alex, Thomas, Carey, Andrei (2), Serge, Mike, Roman, Josh, et Stéphane… le gars de la bière, nous profitons de la première altercation de Big George à son premier shift sur la glace contre le méchant Thornton de Boston pour y aller d’un époumonant : « TUUUUUUUUUUEEEE LLLLLLLLÉÉÉÉÉÉÉÉ! ».Ça sent la Coupe!

    Ne manquez surtout pas notre prochaine chronique qui vous fera part d’un restaurant vraiment hors de l’ordinaire dans la lignée du Spirit Lounge, ie sans menu mais avec un proprio qui a l’air content d’avoir des clients ce coup-ci. De plus, nous serons accompagné d'une nouvelle invité spéciale : Mme Gaumouche.


    Chez Gatsé

    317, rue Ontario Est (coin Sanguinet)
    514-985-2494

vendredi 17 octobre 2008

Part 10 : Chez les Salvadoriens


Chers/ères restophiles,

Il est essentiel de débuter cette chronique en vous rappelant que vos deux valeureux bouzeux, oeuvrant dans le milieu financier, commencent à être pas mal gazés de la descente aux enfers des bourses qui pèsent sur leur moral, à la hauteur de 500 points additionnels à chaque jour. Toujours est-il que notre rendez-vous hebdomadaire, cette semaine au Cabanas du 1453 Bélanger est (coin Garnier), ne revêt pas cette petite pointe d’excitation habituelle de découvrir un nouveau pourvoyeur de nourriture pour ensuite vous en faire part. Et comme si ce n’était pas suffisant, Gen m’informe que les restaurants latinos, comme l’aurait dit Évelyne (aka Andrée Boucher) au personnage interprété par Gilbert Sicotte dans le télédormant Des dames d’écoeure : « C’est fini Jean-Paul! »… du moins pour un bout. Calvaire! Une chance que la saison du CH est commencée et que nous ne comptons dans nos rangs aucuns Smolinski, Sundstrom, Bonk ou Bulis.

Le Cabanas est une pupuseria salvadorienne. Nous n’avons donc pu nous empêcher d’essayer ces tortillas épaisses que l’on fourre, à l’année longue bien sûr, de viandes, fromage, légumes, fèves ou n’importe quoi qui traîne dans le fridge. Conseillés par l’amicale Élizabeth, nous avons donc débuté le souper avec quatre pupusas variées. En rétrospect, ç’aurait pu être là notre souper! Quand on mentionne tortillas « épaisses », c’est pas parce qu’elles sont poches en calcul mental! C’est dans l’assez bourratif merci. Outre les pupusas, le menu se veut à mi-chemin entre celui du Canard Rouge et le Petit Coin du Mexique. Comme plats principaux que nous ne pourrons évidemment point terminer, Gen y va du Mar y Tiera (terre et mer) alors que j’opte pour le Salpicon, une salade, dans le sens large du terme, de bœuf déchiqueté avec des tomates, du céleri et probablement d’autres ingrédients qui m’échappent. Malheureusement bourrés de nos entrées, nous ne pourrons apprécier de façon objective nos mets principaux à leur juste valeur. Tout comme au Petit Coin du Mexique, nous retrouvons encore une fois des liqueurs exotiques au menu mais dont le choix est moins étendu. Une liqueur aux peanuts? Mmmm… pas sûr… Nous opterons donc pour une petite Corona.

Côté déco, le restaurant dont l’éclairage est dans l’assez éclairant est on ne peut plus rectangulaire et meublé par deux rangées de longues tables avec des nappes noires et rouges, rappelant un look année 60s. Une mini cabane à sucre, version latino. Abasourdis par les événements boursiers qui ont meublé notre semaine à nos shoppes respectives, comme un vieux couple, nous semblons n’avoir rien d’intéressant à nous dire. Comme c’est la coutume, une télévision gros format occupe le fonds de la salle à manger. Je passerai donc beaucoup trop de temps à y jeter un œil furtif, ne comprenant rien de ce qui se disait, mais sous l’emprise de la délectable Maite Perroni du télédormant Cuidado con el Angel à TeleMundo.

Nous désirons nous excuser auprès de notre auditoire ainsi qu’Élizabeth pour avoir laissé notre légendaire objectivité en matière de critique être affectée par les tergiversations boursières. Nous vous recommandons donc le Cabanas si votre curiosité a été piquée par un plat typiquement salvadorien et que vous désirez vous envoyer quelques pupusas derrière la cravate. Pour les ceuzes qui se laisseraient tenter, pourriez-vous SVP m’envoyer un e-mail à restodelbouzo@gmail.com pour me tenir au courant des développements de Cuidado con el Angel, surtout en ce qui a trait à l’histoire entre Marichuy (personnage interprété par Maite Perroni) et son poster boy de psycho-analyste à 5 cennes, Juan Miguel San Roman? J’ai dû déploguer le câble chez-nous pour couvrir un appel de marge…

jeudi 9 octobre 2008

Part 9 : Chez les herbivores

Chers/ères restophiles,

Nous commencerons tout-de-go en vous informant qu’il est impératif que vous visitiez le resto dont il est question dans cette chronique comme il est assez improbable que l’expérience vous laisse indifférent. Bien qu’il ne semble à prime abord point exotico, outre le fait qu’il se trouve au beau milieu du quartier gai, une fois que vous aurez pénétrer en son antre, vous ne pourrez que vous sentir dépaysé. Combien d’entre-vous peuvent se targuer d’avoir vu dans un restaurant une image de Shiva, un dieu indou, en position du lotus tenant dans chaque main une image de notre bien-aimé Jésus? Bienvenue au Spirit Lounge!

Le Spirit Lounge, siégeant au 1201 Ontario est (et non au 1159 Gen, sérieux…) est un restaurant végétalien. Non non non, ce n’est pas un italien végétarien bande d’incultes! Végétalien réfère au fait qu’aucun produit animal n’est utilisé dans la confection des mets, ie pas d’œufs, de fromage, de beurre. Voici une brève description du menu : « … ». En fait, il n’y en a pas! On vous informe de ce qu’il y a au menu ce soir là et si LE choix ne vous dit pas, bin tu pognes tes cliques pis tes claques pis tu r’vires de bord! Nous sommes tombés sur une soirée avec une soupe tomates-maïs-poivrons (et plus) en entrée alors que notre assiette principale consistait en une crêpe des plus mince enterrée sous quantité de légumes, hummus, graines de tournesol (et plus). En accompagnement, du pain nécessairement pas très moelleux et évidemment sans beurre. Comme dessert, un morceau de gâteau au chocolat sans le spongieux d’un Duncan Hines, accompagné d’un thé à chépatropquoi avec un goût s’apparentant au clou de girofle. C’est sûr que dit de même, ça sonne un peu… un peu… drabe mettons! Mais faut pas s’attendre à du français pataugeant dans la riche sauce avec les contraintes imposées. Somme toute, nous avons trouvé l’expérience positive, comme quoi on peut arriver à quelque chose de bon, apétissant et différent en se creusant un peu les méninges sans verser dans l’orgie grasse et calorifique. Pas sûr que c’était la meilleure idée de souper avant ma première game de hockey de la saison dans ma ligue de garage le soir même pa’emple. Et surtout un gros merci à Gen de m’avoir informé de son questionnement quant à la capacité de mon système digestif d’encaisser une si grande divergence alimentaire quelques heures seulement avant d’aller m’encombrer d’un jackstrap pis de culottes de hockey avec trois tours de tape, patinant pour la première fois depuis le printemps dernier, alors que les toilettes se retrouveront derrière une porte cadenassée. Bin aimable... Le commentaire aurait été apprécié avant mettons. Comme si la femme d'Obama lui lâchait à sa sortie du Carlos & Pepes deux heures avant le débat télévisé: "J'pense à ça Barack... les burritos aux fèves pas sûr hein... J'espère que tu te mettras pas à fuser comme un déchaîné en pleine tivi..." (gulp).

Asteur que la portion culinaire, a été abordée, traitons maintenant du déroulement de la visite. Le restaurant occupe ce qui devait être trois ou quatre locaux séparés. Une fois que vous aurez trouvé la porte d’entrée, qui se situe sur le coin de la rue les autres étant condamnées, vous entrez. N’attendez surtout pas que l’on vienne à votre rencontre. Prenez l’initiative de déambuler et d’aller de pièces en pièces tout en admirant l’assourdissante décoration : chaises aux motifs on ne peut plus chargés, tapis de plage en osier tackés sur les murs avec des lumières de Nouel en spirales, immenses lumières sphériques en papier à la IKÉA au plafond, images indoues right left and center pis du foil (ça protège les mains). Ultimement, vous devriez rencontrer le proprio des lieux qui se fera un plaisir de vous accueillir en vous intimant de fermer votre cellulaire illico. Une fois que vous aurez identifié l’endroit duquel vous vivrez votre expérience parmi les trois pièces baroques disponibles, il rappliquera en vous informant des règlements qui régiront votre soirée pendant que vous serez à sa merci. Une fois LE choix de menu de la soirée expliqué d’un ton totalement désintéressé, vous devrez choisir entre la portion normale ou la portion light qui vous arrivera dans de la vaisselle de grand-mère dépareillée. Mais prenez garde! Comme disait le chevalier gardant le Graal à Indiana Jones : « Choose wisely » car vous vous verrez imposé une pénalité monétaire si vous ne finissez pas votre assiette! Idem si vous commandez une bouteille d’eau pour accompagner votre repas et en laissiez dans le fonds de vos verres! Et pour l’ultime insulte de ne pas terminer votre dessert, vous serez barré à vie! Et on paye cash SVP.

Donc pour une quarantaine de dollars sans boiésson, nous jugeons tout à fait ridicule que vous vous priviez d’une expérience unique. En guise de précaution, amenez-vous une grosse sacoche pour y dumper la bouffe que vous ne voudrez ou pourrez manger. Pour le liquide, nul besoin, mais assoyez-vous cependant à proximité de l’aquarium… Et de grâce un peu de jugeotte… Évitez de demander s’il faut payer la surcharge quand même si on finit pas notre assiette parce qu’on n'aime pas ça… Vous êtes en présence ici du tofu nadzi! No tofu fo you!


Spirit Lounge

1201 Ontario est
514-522-5353

vendredi 3 octobre 2008

Part 8 : En Extrême-Orient

Chers/ères restophiles,

Mon incroyable méconnaissance œnologique n’ayant d’égal que mon piètre sens de l’orientation, vous comprendrez toute l’importance et l’espoir investi dans la sélection d’une co-pilote ferrée en la matière. Or au gré de nos précédentes mésaventures à ce niveau, et encore une fois malheureusement de celle-ci, j’ai été frappé d’une révélation. Vous vous accorderez sans doute tous pour me dire que GPS est l’acronyme de Global Positioning System. Cependant, je crois que Gen Positioning System serait plus de mise ou alternativement en québécois, Gen on est Perdu Sacrament! Nous désirons donc vous informer que nous étudions présentement la possibilité d’afficher des annonces sur notre blogue de manière à ramasser du cash, si ce n’est pas pour investir dans un GPS, du moins pour éponger les coûts supplémentaires reliés aux kilomètres additionnels parcourus en raison d’adresses erronées ou d’est/ouest mélangés. Considérant donc mes talents technologiques qui ne me permettent même pas d’écrire un texte au complet avec le même format de caractères, soyez donc avertis que l’ajout de cette nouvelle fonctionnalité pourrait dangereusement affecter l’aspect visuel de nos prochaines parutions. Nous espérons que vous ne nous boycotterez pas en raison de nos tendances mercantilistes car nous prévoyons accumuler 3.26$.

Cette semaine nous ne nous sommes pas creusé le coco outre mesure pour sélectionner notre hebdomadaire sortie selon ce qui se déroulait dans l’actualité mondial. Nous tenons plutôt à célébrer à notre manière le mariage d’une de nos fidèles lectrices, bénévole au resto Robin des Bois que nous avons visité plus tôt cette année. En effet, cette syrienne par affiliation paternelle a uni son cœur à un beau mulâtre aux yeux verts (commentaire de Gen ici) pour le meilleur et pour le pire, samedi le 27 septembre 2008. Toutes nos félicitations et bon courage aux mariés. Dans mon cas, m’écraser le steak et descendre du vino s’avérait la motivation première. Contrairement à mon habitude jusqu’ici, je délessai donc la chaleur du sud pour une région plus au nord, mais pas nécessairement moins chaude pour autant : l’Extrême-Orient, plus spécifiquement la Syrie et l’Arménie dont la cuisine s’avoisine à celle du Liban qui nous est plus familière. Nous nous retrouvons donc encore une fois sur Jean Talon EST, confrontés à choisir entre l’Alep ou son frérot, le Petit Alep. Alors que l’aîné offre un environnement classique depuis plus de 30 ans, le Petit Alep adjacent offre une atmosphère de bistro plus collégiale depuis plus de 10 ans. Il est à noter que le menu des deux restaurants sera tout de même à notre disposition si nous optons pour le Petit Alep, la cuisine étant apparemment one-way. Nous opterons donc pour le jeunot.

Dès les premiers pas dans l’établissement, j’ai un feeling de déjà vu. L’aire ouverte avec ses multiples paliers a des airs d’ancien Café Campus, coin Queen Mary et Decelles au début des années 90, mais en plus coloré et clean. Nostalgie universitaire, du temps de Nirvana alors que les États-Unis sous George Bush envahissaient l’Irak... Nous nous informons tout de même du menu avant d’aller plus loin. On nous assigne ensuite une place au deuxième palier, au milieu d’une clientèle éclectique. Nous nous retrouvons entourés de deux médames d’âge assez mûr mais dont l’attitude laisse plutôt penser à deux universitaires qui jasent de la rentrée, d’un couple foncé-pas foncé avec leurs parents foncé-pas foncé ainsi qu’un bébé de 5 mois foncé pâle ou pâle foncé (au choix) qui ne braillera pas une fois et qui est assez corpulent pour son âge, d’un pré-couple, en try-out selon Geneviève, ainsi que d’un groupe de jeunes hommes agglutinés autour d’un laptop. Alors que nous nous asseyons, je me sens comme déstabilisé par un je ne sais quoi… Bof, ce n’est probablement rien…

Après avoir consulté les deux menus et subi les remontrances de Gen à l’idée de céder aux tentations du menu du Gros Alep, dont les choix semblent tous plus délicieux les uns que les autres, mais qui s’avèrent un tantinet plus dispendieux que ceux de Petit (quoiqu’on nous informe que plus imposants), nous concentrons nos efforts sur le menu de ce dernier. Notre tactique sera de se gaver de plusieurs entrées pour conclure sur un plat principal. Outre les standards que nous retrouvons habituellement sur les menus des restaurants de cette région comme le hommos, taboulé ou les feuilles de vignes, plusieurs noms nous étant inconnus et difficilement prononçables viennent s’y greffer. Entre donc en scène Joanne « pas de H » pour nous guider à travers les méandres de ces mets nous étant méconnus. Elle s’avérera d’une patience exemplaire, prenant le temps de répondre à nos questions de débutants malgré une soirée occupée. Voici donc les choix qui meubleront la soirée :

Entrées
· Hommos : 2.00$
· Mouhamara : 2.50$
o chapelure, mélasse de grenadine, noix, fléflé (?)
· Taboulé : 4.75$
· Yalandji : 5.00$
o Feuilles de vigne, riz, pois chiches, tomates, noix

Plats principaux
· Saucisses arméniennes : 8.75$
· Saucisses d’Alep : 8.25$

Desserts
· Baklawa : 3.75$
· Mamounié : 4.00$
o Semoule de blé, fromage Ricotta, cannelle, pistaches

Liquides
· Espresso : 2.00$
· Thé Cardamone : 2.75$
· Vin rouge - Orénia : 32.00$

Outre une attirance générale moins marquée de Gen pour les feuillues vignes et une légère déception face au niveau peu élevé de sucré de mon dessert (prends le baklawa sans-dessein), tout était succulent. Tellement même que le lavage des assiettes s’avèrerait optionnel en raison d’une consciencieuse période de wipage de fonds.

Tout au long du souper, Joanne « H-less » nous entretient courtoisement sur l’établissement et son histoire. Alors que nous discutons, ce sentiment de « quelque chose qui cloche » continue de me titiller. La narine droite relevée qui renifle incontrôlablement, le jeans qui imperceptiblement semble descendre, exposant le nord de ma cavité plombieresque… C’est lorsque je reviens des toilettes que je constate ce qui cloche. Alors que je marche les épaules un peu trop carrées tout en me remontant le paquet par automatisme, que ne vois-je tu pas?! DU PLYWOOD! Voilà ce qui ne jivait pas! Mon 6e sens de mâle M. Bricole entouré pendant 2 heures de sections de murs en plywood à nu sur lesquels sont disposées les toiles d’artistes en guise d’exposition. Mon inconscient avait depuis longtemps identifié l’anomalie. Titubant, je m’informe auprès de Joanne de l’avancement des « rénovations ». Elle m’informe que le plywood est là pour rester, fournissant un fonds neutre servant à mettre en valeur les œuvres exposées… Enfer et damnation! Tu blasphèmes femme! Mon éducation m’ayant modelé à voir chaque pouce carré de ce matériau comme une opportunité d’enfiler ma ceinture à outils avec un de mes vieux chandail de poil tout beurré et dérinché pour le recouvrir, et malgré le fait que Gen m’indique que c’est une très bonne et esthétique idée, je ne cesserai de repasser dans ma tête tous les finis possibles et imaginables observés dans les pamphlets de Réno et Home Dépôt pouvant mettre un terme à cette abomination. Le repas terminé, Gen aura vite fait d’endurer mes soubresauts nerveux, mon remontage de paquet et mes renâclements répétitifs. M’agrippant par le bras, elle me traîne en dehors du resto pour que je retrouve quelque peu mes sens, tout en profitant du fait que j’aie les yeux dans la graisse de bines et la mâchoire pendouillante pour m’enligner 3-4 claques sa yeule.

Malgré cet incident qui me causera de douloureux cauchemars tout au long de la semaine à venir, l’expérience au Petit Alep en fut une très appréciable. Coût pré-pourboire de la soirée : 75$. Nous recommandons l’établissement pour une ambiance décontract, la bouffe variée et délicieuse ainsi qu’un service personnalisé et amical. Pour passer une soirée dans une atmosphère moins grouillante, l’Alep doit se mériter la même note. Pour ce qui est du plywood Joanne, je vous envois des échantillons de finis possibles sous peu…


Le Petit Alep


199, Jean-Talon EST
514-270-6396