samedi 30 août 2008

Aparté - Le Cheapo NotSoExotico Resto del Bouzo

Chers/ères restophiles,


Gen ayant décidé que ce n'est pas Face de Ciment qui ruinera son enthousiasme à découvrir le pays de la vache sacrée, elle s'est grayée de pilules, de vaccins, de purell, de papier de toilette (il paraît que c'est une denrée rare là-bas) et s'est poussée.


Pour cette raison, nous ferons malheureusement relâche cette semaine et nous serons de retour en force avec: "Le Cheapo Exotico Resto del Bouzo - Part 4 - Le Chili" dès vendredi prochain

Stay tuned…


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Cependant, afin de plaire à notre auditoire sans cesse grandissant, et avec le feu vert de mes avocats, je m'emparerai seul de la tribune cette semaine. Garder nos fans en haleine chaque fois que Gen est hors du pays s'avérerait, vous le comprendrez bien, un suicide commercial. Afin de me mettre à l'abri de toute poursuite au civil et d'éviter tout malentendu, cet aparté s'intitulera : Le Cheapo NotSoExotico Resto del Bouzo.


Il a été jugé opportun de profiter de l'absence de Gen pour visiter un premier établissement recommandé par une de nos lectrices comme cette dernière, une amie personnelle de ma collègue, est impliquée dans la gestion du commerce, en l'occurrence le Robin des Bois, battant pavillon au 4653 Saint-Laurent, entre Mont-Royal et Villeneuve. De cette manière, toute apparence de conflit d'intérêt est évitée et ma liberté de pulvériser en toute quiétude le cas échéant est préservée. Contrairement à tous les établissements visités jusqu'ici, ce dernier ne revêt pas un caractère étranger mais se targue plutôt d'être « le resto bienfaiteur ». Pourquoi? En raison des plantes médicinales et illicites ajoutées aux plats? Non. Parce que :


Robin des Bois est un restaurant à but non lucratif. Les employés sont soutenus par des bénévoles et tous les profits réalisés par la vente des repas et des produits sont redistribués à des organismes de charité qui œuvrent dans la communauté afin de vaincre la solitude, l'isolement social et la pauvreté.

Robin des Bois soutient les organismes suivants :


  • Le Chaînon [www.lechainon.org]
    Depuis 1932, Le Chaînon accompagne les femmes en difficulté dans leurs démarches de réorganisation et répond à tous leurs besoins de base. À toute heure du jour et de la nuit, les femmes en détresse peuvent frapper à la porte du Chaînon pour y être hébergées.

  • Refuge des jeunes [www.refugedesjeunes.org]
    Le Refuge des Jeunes est un centre d'accueil de jour, de soir et de nuit, dont la mission est de venir en aide à des jeunes hommes de 17 à 24 ans sans abri et en difficulté.

  • Chez Doris [www.chezdoris.ca]
    Depuis 1977, Chez Doris sert de refuge aux femmes en difficulté et offre des services en toute discrétion. À la mémoire de Doris, la maison est « un endroit où aller, où les femmes ne subissent aucun jugement et où la discrétion à leur égard est de rigueur ».

  • Jeunesse au soleil [www.sunyouthorg.com]
    Jeunesse au Soleil est un centre communautaire ouvert sur les nouvelles réalités de la communauté montréalaise. En travaillant de concert avec de nombreux intervenants, l'organisme soutient la communauté à travers l'éducation, la conscientisation et l'assistance matérielle.


  • Cactus Montréal [www.cactusmontreal.org]
    Depuis 1989, Cactus Montréal intervient auprès des jeunes de la rue, des personnes consommatrices de drogues illégales, des personnes travesties et transsexuelles et des travailleurs et travailleuses du sexe.

Pour mener à bien la soirée, et comme aller manger tusseul c'est poche, j'ai sollicité l'aide d'une assidue lectrice de notre chronique hebdomadaire dont nous masquerons l'identité sous le sobriquet de La Marquise. Ne vous en faites pas, elle est très qualifiée pour le poste en tant qu'étudiante à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec mais surtout parce qu'elle est familière depuis plusieurs années avec l'auteur de ces lignes et pourra sans trop de peine subir ses insipidités pendant la durée du repas.


C'est donc armé d'un rouleau de 30 sous que je me dirige vers le Robin des bois afin d'éloigner les squeegees que j'imagine peupler les lieux et qui tenteront de squeegeeer mon assiette ou les ceuzes qui me tiendront la porte des toilettes rouvarte. Encore une fois, il y a mésentente sur l'adresse de notre destination, responsabilité encore une fois trop prise à la légère par la co-pilote. Une fois l'endroit identifié, je peine à taire quantité d'obscénités à l'idée de devoir payer pour un stationnement sur la voie publique jusqu'à 21h un lundi soir. Tout comme je m'en doutais, la façade de cet organisme sans but lucratif est plutôt anonyme et sied bien aux défavorisés qui doivent fourmiller à l'intérieur de cette soupe populaire upper class. Nous franchissons donc le seuil de la porte, le sourire en coin du gros capitaliste étampé dans le visage.


Mais que s'passe-t-il? Au lieu de me régaler d'un spectacle qui me rendrait fier d'être dans la catégorie des jeunes professionnels aisés en comparaison, l'intérieur du restaurant est on ne peut plus plaisant au regard. Beaucoup de boiseries, un look très léché, un décor recherché, une asymétrie ordonnée dans la disposition des aires, le tout dans un vaste espace aux plafonds tout en hauteur. Comment pourrai-je assouvir mon sentiment de gros bienfaiteur parvenu dans un tel environnement? Enfer et damnation, c'est de la fausse publicité!


Une fois assis et remis de ma déception de ne pas avoir l'occasion de me sentir supérieur, nous consultons le menu. Je dois avouer qu'il y a longtemps que je n'ai pas vu un menu aussi équilibré entre quantité et diversité. Chacun des choix offert est inspirant sans que toutefois nous fassions face à une liste de bottin téléphonique. Seule ombre au tableau, la table d'hôte qui m'a agace-pissetté avec son repas principal de croquettes de morue au safran avant que je me rende compte qu'elle n'était disponible que le midi. Renfer et damnation! Je me rabattrai sur la version « entrée » pour me satisfaire, quin toé! Encore une fois, je ne peux résister à la bavette, au brandy cette fois-ci, tel un enfant devant un Mr. Freeze bleu par une chaude journée d'été… ou en plein hiver, c'est pas vraiment important. Ma comparse pour sa part ouvre le bal avec des bettraves au beurre de thym gratinées au chèvre avec noix d'acajou et complète avec le tajine de mérou au citron confit. Prenant son rôle au sérieux, elle m'a rédigé ses commentaires en utilisant des termes comme « goûteux » ou « un peu trop d'huile », allant même jusqu'à questionner la géométrie des citrons accompagnants son poisson (quartiers vs. petits morceaux). Bien que probablement très professionnelle et informée, je lui rappelle donc que cette chronique culinaire n'est probablement pas le meilleur endroit pour une critique culinaire! N'avons-nous pas identifié par le passé les sauces accompagnant nos plats par leur couleur oubedon jugé du service d'un restaurant par la possibilité de se faire enlever les olives? Advenant que notre lectorat nous informerait de son désir de bénéficier d'une appréciation réelle et éclairée des mets faisant l'objet de nos essais, nous étudierions sûrement cette possibilité.


Nous devons donc conclure que l'expérience au Robin des Bois est… concluante. Contrairement à ce qu'on pourrait s'attendre d'un restaurant à vocation sociale, l'expérience est digne de tout bon restaurant qui se respecte en plus d'un staff qui se fera un plaisir de répondre à vos questions. L'endroit est un complément plus plaisant qu'un prélèvement salarial pour Centraide et se prête bien à une bonne bouffe entre amis. Instaurer une tradition de visite annuelle me semble tout indiqué. Bravo aux initiateurs de ce projet, aux salariés qui y travaillent et aux bénévoles qui donnent gracieusement leur temps pour la cause, bien qu'on doive leur rappeler qu'ils sont supposés demander la cuisson désirée quand on commande une bavette!




(pour plus d'infos, consulter la section "liens des restos visités")

2 commentaires:

choosehockey a dit…

Enfin, une critique culinaire sérieuse... Longue vie au Cheapo !

Anonyme a dit…

Gen est finalement revenu en un morceau des Indes et tient personnellement à remercier La Marquise se son soutient aux bonnes oeuvres!

Je crois bien que qu'elle vient de se gagner un place de colaboratrice on the side

Ne manquer pas le chili ce vendredi...