vendredi 14 novembre 2008

Part 14 : Chez les Libanais


Chers/ères restophiles,


Pour cette aventure, JF est resté à la maison avec sa progéniture afin de ne pas déroger à notre très sérieuse charte du parfait Bouzo, ie ne pas essayer un resto que l’un d’entre nous aurait déjà visité par le passé. Too bad JF, il n’y a pas de prescription même après 16 ans, professionnalisme oblige. Ayant définitivement tombé en amour avec le Petit Alep de la région Syrienne, je traverse aujourd’hui la frontière pour me retrouver au Liban. C’est donc avec mon moi-même, à la suggestion de JF, que je pars à la découverte du Lilas, ce resto situé sur Parc juste à côté du YMCA désormais célèbre en raison de ses vitres teintées et de ses sympathiques voisins d’en arrière. Version huppée du Amir, je découvre ce petit resto ouvert depuis 1980 décoré dans les tons de rose. Je me dois de vous dire à prime abord que j’ai un penchant assez marqué pour la cuisine libanaise, mon objectivité en prendra donc pour son rhume. Quand tu n’as plus à donner ton nom, ton adresse ou ta commande quand tu appelles chez Amir pour une livraison, ça peut même être considéré un peu freak. Donc mes attentes sont élevées! Un Amir de luxe! Oh my God! Pourront-ils battre le humus, les pitas frais et les délicieuses marinades de chez Adonis, mon épicerie par excellence? Comme le disais Piton Ruel : « Y’en aura pas de facile ».


Le resto est à l’extérieur lilas de bord en bord, ce qui fait pas mal concept. L’intérieur me fait un peu penser à un appartement de grand-mère avec ses nappes blanches disposées en triangle sur une nappe lilas bien sûr, alors que les rideaux et accessoires donnent dans le lilas et le vert forêt. Le site Internet? Lilas bien sûr!


Mais pourquoi nommer son restaurant libanais Lilas? Selon la signification des couleurs, lilas représente l’amour, la sincérité et la pureté. Notre analyse, toujours très scientifique, nous amène à penser que, parce que tout comme l’olivier un arbre très courant au Liban, les lilas appartiennent à la même famille des oléacées (tout comme le jasmin et le frêne d’ailleurs) donc d’où le lien avec le pays…ok ok, c’est peut-être un peu tiré par les cheveux! Mais il n’y a pas que la bonne bouffe dans la vie, il faut aussi nourrir notre esprit pardi!


Partant de la shoppe vers 17h et en l’absence de co-pilote, le trajet se déroulera évidemment sans embûches. Je suis donc au resto vers 17h10 me cognant encore une fois contre une porte barrée! Le resto ouvre à 17h30 et non 17h comme inscrit sur leur site internet. Par cette fin d’été des indiens, je prends donc mon cabas sous mon bras et pars à la découverte des épiceries exotiques de Parc Avenue où grecs, libanais, indiens, juifs se côtoient en harmonie. Je me croirais en vacances dans une autre ville. Je fais le plein d’épices et de fruits exotiques pour finalement me rendre compte qu’il est déjà 18h! Le resto est vide et comme dans mes nombreux voyages je m’assoie en compagnie de mon roman Harlequin. Initialement une suggestion de Kiki d’Australie il y a plusieurs années, les Harlequins sont petits, cheaps et se glissent bien dans un sac à dos. En plus, ça fait moins mal au cœur de les échanger dans une auberge de jeunesse une fois finis. Mais passons les justifications pour excuser ma possession de cette littérature insipide et sautons dans le vif du sujet.


Le menu offre trois possibilités :

  1. La Tazka, un véritable repas d'entrées avec options végétarienne, régulière ou royale (de 16.50$ à 24.60$ par personne)
  2. Le Mezzé - La table d'hôte (de 20.50$ à 35.50$ - la plus chère, inclut fruits de mer et poisson)
  3. À la Carte - en portion demie ou régulière


À mon grand malheur, toutes ces options sont pour 2 personnes au minimum. Comme quoi il y a des avantages à tolérer le paysan JF à toutes les semaines! Je dois donc me rabattre sur le menu à la carte. J’opte pour le humus et le taboulé en entrée accompagés de l’assiette de poulet Lilas comme plat principal.


Alors que j’arpente la place du regard en patientant pour mes entrées, le crissement de la porte se fait entendre et d’un pas décidé, un homme, que dis-je, un adonis avec la carrure d’un athlète taillé dans le roc fait son entrée et se dirige tout droit à l’opposée de ma table au fonds de la salle. M’ayant jeté un bref regard auquel j’ai répliqué avec le sourire incrédule d’une fille qui croit voir un oasis après 30 jours perdue dans le désert, il dépose son attaché-caisse portant un gros logo de Médecins Sans Frontières, prend place à sa table tout en me souriant encore une fois de ses blanches dents rappelant un paquet de chicklets. Écarlate, j’agrippe le menu et me plonge la tête dedans ne sachant plus comment réagir. Soixante secondes passées à penser à ma liste d’épicerie question de faire baisser ma pression, j’abaisse tranquillement mon menu. Enfer et damnation! Mon Apollon a déserté sa place! Fiou, ses effets personnels sont toujours là. Mais que vois-je? Une napkin sur ma table qui ne s’y trouvait pas avant que je disparaisse derrière mon menu. Et la patate qui se remet à galoper à la lecture de : « What R U waiting 4? I’m in the women’s washroom ». Me replaçant nerveusement la crinière, sans hésiter je me dirige vers l’arrière du resto. Alors que je n’avais pas encore passé le cadre de la porte de la toilette de la petite bonne femme avec la jupe, je suis empoignée par le cou, chaudement et longuement embrassée. Après ce qui me parut comme trente minutes, fiévreuse, je suis plaquée contre le mur alors qu’une anguleuse main se fraie un chemin… « Madame… MADAME! »… Interloquée et déboussolée, Christine me sert mes entrées en me rappelant à la réalité. Je suis toujours assise à ma table et le resto est toujours vide. Maudit Harlequin à marde!


Faute d’erotico del bouzo, je me concentrerai sur la bouffe. Oh my God! Mes papilles ne se peuvent plus, je suis en train de déguster le meilleur taboulé que je n’ai jamais mangé de ma vie! Christine m’indique que le truc c’est d’utiliser un persil italien et le couper avec un couteau très aiguisé sans jamais ne revenir en arrière pour ne pas développer l’amertume et faire ressortir l’eau du persil. Et surtout de le faire on the spot au fur et à mesure. Je la crois sur parole! J’en ai même acheté un contenant pour ma fin de semaine! Le humus nappé d’une huile d’olive pas cheapo du tout est aussi excellent. Pour ce qui est du poulet, ce sont des galettes de poulet haché qui m’ont un peu moins excité, servi avec un riz un peu fade. Le baklava maison tout frais par exemple est un pur délice, surtout qu’il m’est offert sur le bras.


Pendant mon repas, plusieurs clients sont arrêtés prendre des commandes pour emporter. Je m’imagine tout à fait ramasser quelques plats pour un souper à la maison! En plus ils font la livraison! Coût de l’aventure 30$ incluant un verre de rouge libanais. Tout à fait raisonnable surtout que j’en ai eu assez pour mon lunch du lendemain! À refaire sans faute tout en portant une attention spéciale à ne pas se laisser duper par les hallucinations.




Aux Lilas

Restaurant-Traiteur


5570 Avenue du Parc

Montréal

(514) 271-1453

Du Mardi au Dimanche

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Gen, tu es la reine de l'écriture savon, moi qui croyais au départ que tu avais trouvé l'amour avec ton beau Adonis... Je te le souhaite pour le prochain tome de vos aventures gastronomiques!!!!

Patxx

Anonyme a dit…

I wish!!!!!

Anonyme a dit…

Quelle belle aventure au Lilas.. . Rien de tel qu'un brin de romantisme. Vive les romans Harlequin de Kiki :) Tu me donnes presque le goût de manger une salade de taboule et ce n'est pas peu dire!

Anonyme a dit…

Mais qui êtes vous belle inconnue?
Anonyme... hum hum hum

Anonyme a dit…

Mamme Gaunouche vous êtes découverte!