vendredi 5 décembre 2008

Part 17 : Back in the US... back in the US... back in the USSR

Chers/ères restophiles,

Ayant parcourus plusieurs kilomètres de par le monde depuis le début de notre épopée gastrocomique, et bien que la cuisine de plusieurs pays nous est encore à découvrir, nous récidivons cette semaine avec la Russie. Vous vous rappellerez sans doute de notre 5e chronique relatant notre visite chez Georgia dans le féérique décor du boulevard Décarie. Bien que nous en étions sortis avec de bons commentaires, la facture plutôt élevée nous avait laissé avec un sentiment de devoir non-accompli envers les gratteux comptant sur nos découvertes pour se bourrer la face à faible coût. Dans cette optique, La Caverne dans le quartier Côte des Neiges s’est avérée une option intéressante pour rendre accessible la cuisine soviétique.

D’entrée de jeu, dès notre arrivée sur les lieux, il fut évident que notre emphase sur le cheapo de ce volet hebdomadaire allait être respecté. Caché au bas d’une dizaine de marches à 80 degrés alors que la seule preuve de son existence est une affiche digne d’une pizzeria à 99 cennes accueillant les brosseux à 3h30 du mat, le restaurant n’inspire pas confiance. Dix pieds plus à droite, le même type d’entrée laisse d’ailleurs place à un magasin de cossins el cheapo avec des poubelles en plastique remplies de vadrouilles de couleurs fluos à 1$. Qu’est-ce qu’on ferait pas pour vous. Nous plongeons.

Heureuse surprise! Alors que l’on aurait pu s’attendre à un amalgame de tables branlantes mises à l’équerre par des napkins pliés en 12 gisant ça et là sur un plancher de prélart jadis reluisant mais aujourd’hui terni par des années de Mr. Net intensif, le tout entouré par du pré-fini d’un brun noyer discutable et, Ô horreur, quelques pieds carrés de plywood découverts, le tout sombrement éclairé sous un plafond suspendu laissant entrevoir au hasard le trajet de la plomberie… ce n’est vraiment pas le cas. L’espace est vaste et bien éclairé contrairement à l’image que l’on pourrait s’en faire de par son entrée exigüe. Les murs sont bien recouverts de pré-fini… mais plutôt spécial. Il simule de grosses pierres grises, tel le papier centenaire qu’on met au pied du sapin de Nouel avant d’y disposer les bonhommes de la crèche que le chien de la famille s’amusera à bouffer sans aucun respect pour leur divine signification. On assume que c’est pour faire cavarne. Nous retrouvons encore une fois l’incontournable écran géant à l’avant mais à l’arrière, attention! Disposés sur les murs, les têtes empaillées d’un ours noir et d’un orignal alors qu’un raton-laveur ayant subi le même sort nous regarde d’à côté du comptoir! Plus à l’écart dans un coin sombre, nous croyons aussi entrevoir le buste de quelques opposants au pouvoir, vision que nous ne chercherons pas nécessairement à confirmer coûte que coûte. Au centre des lieux se trouve un mini stage ou à un moment donné, il doit y avoir quelqu’un qui émet des sons quelconques, mais pas sur notre shift du mardi soir par contre.

Côté bouffe, je suis aux anges. Le menu regorge de dumplings à prix forts raisonnables. Ne sachant auquel m’adonner, j’irai avec l’assiette mixte (blin, manty, hinkali, vareniki, pelmenis et dolma) qui me satisfera amplement, précédée de l’entrée noire (toutes les salades/entrées sont désignées par une couleur), ie des filets de hareng salé. Menoum menoum. Gen pour sa part, après avoir longuement reluquée notre élancé serveur popov, tout à fait serviable et étonnamment enjoué malgré sa nationalité grisâtre, tout en se demandant si elle n’était pas encore victime d’une hallucination, optera pour une soupe et la spécialité maison, le pogrebok (du porc). Tout comme chez le Tibétain, elle se plaindra de long en large sur la nécessité de travailler à décortiquer sa pièce de viande pendant que je m’enverrai à un rythme infernal mes bouchées ne requérant aucun travail autre que planifier l’ordre optimal dans lequel les soumettre à mon gorgoton. Accompagné d’un demi-litre de rouge, pour ma part ce fut une expérience des plus plaisante. Vite fait, bien fait, bien livré et abordable.

Le coût de l’aventure : 54,00$ incluant les contributions obligatoires gouvernementales mais non celle subjective destinée au serveur. À moins de vouloir bénéficier du look feutré du Georgia, l’expérience de la Caverne est culinairement aussi intéressante à moindre coût et sied mieux à notre public cible. Nous recommandons donc de se mettre long La Caverne et short le Georgia. Profitez-en aussi pour aller vous promener au Renaud-Bray non-loin, expérience toujours enrichissante et qui vous servira pendant un instant à vous convaincre de votre érudition. Et finalement, nous vous recommandons aussi d’éviter de vous promener dans le resto avec un chandail de Guy Lafleur en mentionnant à qui veut bien l’entendre que les joueurs russes ont peut-être des mains, mais sont jaunes pendant les playoffs… comportement nécessitant une sortie plutôt rapide.


La Caverne

5184, Chemin de la Côte-des-Neiges (coin Queen Mary)
514-738-6555

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