vendredi 12 septembre 2008

Part 5 : Chez les Popovs

Chers/ères restophiles,


Toujours à l’affût de l’actualité dans les points chauds du globe et à titre de grands rassembleurs et pacificateurs, notre choix de resto de cette semaine s’est imposé de par lui-même : le Georgia, un restaurant dans la catégorie des previously known as russe. C’est donc tout-de-go après le boulot que nous dirigeons vers l’intersection de Queen Mary et de la voie de service de Décarie (vous entendez déjà le gazouillis des oiseaux n’est-ce pas?) pour notre aventure à l’est du rideau de fer, où certains points en sont encore à être éclaircis semble-t-il.


Afin de nous assurer une place pour découvrir le patrimoine culinaire de la patrie élargie de Vladisilav Trétiak, Gen a préalablement placé un appel pour réserver. Au téléphone, elle se fait apostropher par un « Hello!!! » sur le ton d’une fermière de 300 livres recouverte de 6 épaisseurs de vêtements en pleine Sibérie à moins 40 qui se ferait déranger pendant sa deuxième bouteille de vodka. Une Face de Ciment du nordique pardi! Mais comme nos expériences précédentes nous l’ont démontré, la première impression n’est pas toujours la bonne. Pour les besoins du texte et comme nous n’avons culturellement que le choix entre Olga et Natassshhhaaaa, nous vous laissons deviner duquel elle héritera.


C’est donc remplis d’images vodkanesques en tête que nous nous y retrouvons un mardi 18h30, lendemain du retour de Gen au Kénada. Pour ma part, afin de me glisser incognito parmi les popovs, je porte le chandail no 27 du CH, le jackstrap de Kostitsyn acheté sur E-Bay sous mes pantalons d’un gris soviétique ainsi qu’un casque de poil avec des oreilles par-dessus ma casserole bleue de Peacekeeper. Gen pour sa part avait revêtu son kit de bonne en latex gris lustré avec la cravache en accessoire tout en ayant pris soin de se fixer un grain de beauté à la joue duquel émergeait un solitaire poil. Le couple soviet typique…


Nous entrons. La place est vide… Non non, vide bin raide, même pas de staff! Bin coudonc, on va s’asseoir. Outre l’absence de tout bipède dans l’établissement, il y a un petit je ne sais quoi qui ne jive pas. La décoration? Non, les nappes d’un blanc immaculé et les boiseries oscillant entre le rouge sang de bœuf et le bourgogne créent une atmosphère chaude et de bon goût. Ce look, l’énorme foyer qui meuble les lieux ainsi que les éclaboussures de slush qui doivent recouvrir la vitrine en hiver nous pousse d’ailleurs à vous inciter, le cas échéant, à choisir une soirée parmi nos huit mois d’hiver pour fréquenter ce restaurant pour mieux profiter de l’expérience. Mais voilà exactement ce qui ne cadre pas. Nous n’avons pas l’impression d’être dans un restaurant! On se croirait dans une salle à diner arrachée à une villa soviétique et transportée dans Côte-des-Neiges. Comme pour renforcer cette impression, Olga émerge d’une porte menant au sous-sol où se trouve la cuisine.


Après avoir jasé avec la dite louve qui affichait initialement une expression ambivalente entre « pitié SVP, arrêtez de parler français » et « j’espère que vous réalisez que je comprends foutrement rien » mais qui baragouine un anglais incertain, nous sommes informés qu’elle n’est pas russe, ni georgienne… ni top modèle (!) mais bien kazakhstanaise. Nous nous sentons floués comme Natassshhhaaaa dans Lance et Compte quand Sergei Koulikof lui annonce qu’il passe à l’ouest. Voilà notre discussion géo-politico-alcolo-sociologique qui prend le bord. Nous pourrons toujours nous rabattre sur l’écran géant qui scrappe un tantinet le décor pour nous imprégner de la culture locale, une espèce de comédie musicale de Noël avec des reprises de Grease et de I will Survive en russe… spécial…


Pas de caviar ni de vodka à l’horizon. Enfer et damnation! Qu’à cela ne tienne, nous avons tout de même droit à un menu typiquement russo-georgien, totalisant 17 voyelles réparties sur trois pages. Nous attaquons fort avec une borshtch en entrée, soupe à quatre légumes (betteraves, oignons, navets et patates) avec son soupçon de crème sûre, assez épaisse pour être mangée avec une fourchette à deux dents (on se rappelle qu’une soupe avec plus de 34 ingrédients mais claire comme de l’eau nous avait été servie chez l’africain). Un goût de jus de betterave pas mauvais mélangé avec un fond de bouillon de viande, un peu comme quand on wipe notre assiette avec un morceau de pain à la fin d’un pâté chinois chez môman.


Le repas principal était composé d’un chachlyk de filet mignon (brochette) ainsi que de khinkalis (des ostis de gros dumplings). J’étais quelque peu hébété pour vous dire la vérité lorsque m’a été présentée mon assiette de dumplings sans rien d’autre, chnue d’même. Force est d’admettre que ce plat sera vraisemblablement la raison principale d’une éventuelle deuxième visite. La cuisine russo-georgita ne donne pas dans la dentelle et n’évoque peut-être pas le raffinement mais propose tout de même un mélange de goûts très intéressants et étonnamment savoureux. Coût total de l’aventure, 95$ plus pourboire, incluant une bouteille de cabernet sauvignon tout à fait respectable.


Donc endroit que nous recommandons pour la nourriture excellente et l’atmosphère cozy en passant sous silence le service Ladaien. Un must pour les froides soirées d’automne et d’hiver pour un repas réconfortant sur le bord du foyer. Mise en garde : si vous consommez de la vodka ou quelques verres de vin, attention aux escaliers qui mènent à la salle de bain car l’inclinaison à 80 degrés favorise la déboulade et vous pourriez facilement vous retrouver au beau milieu des chaudrons tout au bas assez vite merci, d’la borshtch dans l’toupet.


Comme vous le savez probablement tous, le 16 septembre prochain est une date importante. C’est effectivement l’Anniversaire de l’Indépendance du Mexique! En cet honneur, notre chronique vendredi prochain portera sur un restaurant de ce pays.

Le Georgia

5112, boulevard Décarie

514-482-1881

3 commentaires:

Anonyme a dit…

très beau site !!! C'est toujours un grand plaisir de vous lire !!L'humour et le rire demeurent de très bons stimulants dans la vie !!! Votre enthousiasme me réjouit !!!

Anonyme a dit…

Tres chere Fan de L'aventure, nous vous remercions pour votre enthousiame et vos commentaires!
Ca nous pousse a continuer!
Bien a vous

(c'est sur qu'une maman c'est jamais vraiment impartiale mais quand meme, tu es la meilleure!)
xxx

Anonyme a dit…

Bonjour vous 2,

Comme me le mentionnais des confrères russes rencontrés à Québec le siècle passé (c'tait en 1995), "au moins vous les Canadiens vous avez non seulement plusieurs marques de tout...vous en avez!" C'est sûr que la cuisine d'Europe de l'Est ne peut pas être très raffinée...ils sont juste contents d'avoir quelque chose à manger! (Les pôvres logeaient au Loew's Le Concorde mais n'avaient pour toute nourriture qu'une fesse de jambon, un pain "Weston" et un assortiment éclectique de la boisson nationale, lire Vodka, pour calmer leur faim...je me suis laissé aller au jeu et y ai laissé plusieurs neurones...sympahiques ces Russes tout de même!

À quand la goulash hongroise? Ne nous laissez pas sur notre appétit!

Un conseil: pour la "couleur locale", si vous le pouvez, allez dans ces restos "ethniques" pour le lunch, c'est alors que vous y rencontrerez les vrais amateurs, ceux qui y vont pour se remémorer la cuisine de leur pays d'origine.