vendredi 26 septembre 2008

Part 7 : Au paradis du dim sum

Cher/ères restophiles,

Espérant abattre la grande muraille qui sépare deux cultures et satisfaire les cheapos qui nous talonnent, nous avons visité cette semaine le Ruby Rouge en plein cœur du quartier chinois, apparemment le meilleur spot en ville pour les dim sums. De plus, côté spectacle, nous les choisissons sur un petit carrosse qui nous est acheminé par une galante hôtesse, à raison de 3-4 items dans des petits paniers en osier. Dim sum se traduit du cantonnais par « pour toucher le cœur ». Accompagnés de quelques acolytes privilégiés ayant réussi à passer au travers notre exigeant processus de sélection, nous partons donc remplis d’espoir d’être émerveillés par notre nouvelle découverte sans que ce soit notre péril jaune.


Encore une fois, afin de ne laisser rien au hasard, j’ai appelé pour réserver. Et encore une fois, cette action s’avéra caduque, la salle à manger que nous découvrirons pouvant abriter alternativement 2 terrains de volleyball, 4 de badmintons ou 12 allées de bowling! Je profiterai tout de même de l’occasion pour m’assurer auprès de mon interlocutrice que notre odyssée ne tombera pas à l’eau, ayant lu sur leur site internet que les dim sums sont « servis pendant les heures à la lumière du jour ». «no problem no problem no problem» m’informera-t-on dans un anglais incertain. À l’allure de la conversation, bien qu’un doute est bien ancré sur la compréhension de ma question, nous décidons tout de même d’aller de l’avant, téméraires que nous sommes, tel le Dernier Samouraï allant défendre son honneur. La place est facile à retrouver. Passez devant l’épicerie qui joue du Elvis en chinois (oui oui, un certain Wong je crois…), celle avec le slicer à viande froide rempli de sang où les canards sont accrochés par la patte gauche et tournez à droite à la vitrine de photos de bungalow à Brossard de Royal Lepage et vous y êtes. Une fois à l’intérieur du centre d’achat de quatre boutiques où les prix sont affichés en yuans et où l’inventaire doit bien prendre une année à faire tellement il y a des cochonneries du stock empilé partout que l’on peine à savoir c’est quoi leur core business. Des brassières, des chaises à massage, de la vaisselle, des bijoux, des souliers Nike, du thé, le tout au même endroit, c’est tu pas beautiful mon ami!


En raison du caractère spécifique du resto, et comme nous ne voulions pas nous limiter à deux ou trois choix de dim sums, nous avons décidé que les étranges seraient les bienvenus à se faire toucher le cœur en notre sélecte compagnie. Laissez-nous donc vous présenter nos précieux collaborateurs:


  • « The Queer square » : comme dans la populaire émission « Queer Eye for a Straight Guy » nous avons toujours besoin de l’opinion d’un homosssssexuallllll (mais comme pour le lait, deux c’est mieux) pour bitcher commenter sur la déco, la qualité de la vaisselle ainsi que l’aspect visuel de l’expérience. Nous les appellerons l’Avocat et le Social.

  • « Le Jet Setter ou Pépito pour les intimes » : qui a couru les plus grands restos branchés plus souvent qu’à son tour.


Le point de rencontre pour le lancement des péripéties se situait coin de la Gauchetière et St-Laurent, question de découvrir ce que le quartier chinois avait de meilleur à nous offrir. Suivant la suggestion d’une fervente lectrice que nous baptiserons la Baronne, nous avons paqueté nos petits, nos calepins de notes et sommes partis à la recherche du paradis du dim sum.


Première impression une fois arrivés dans la contrée d’Elvis Wong : les deux langues officielles se font aussi rares qu’un tibétain sur la place Tian’anmen. Loin de nous déplaire, nous sommes à la recherche de dépaysement après tout. Si ce n’était le cas, nous irions manger chez Gérard Patate (ça fait toujours la job à la fin d’une cueillette de pommes en famille, bon bon, on s’éloigne ici).


La salle ressemble à n’importe quelle salle de réception d’hôtel. On s’attend d’ailleurs à ce que les mariés débarquent à tout moment : néon, piste de danse, tivi, méga système de son compris! Il ne manquait que le band. En fait c’est tellement écho et big que l’on pourrait sans problèmes tasser les tables et donner des cours de continental à 500 personnes à la fois (2800 si asiatiques exclusivement).


Une fois assis, nous attendons impatiemment la caravane de chariots sur lesquels nous arrêterons nos choix, tout en se tapant une petite Tsing Tao (bière blonde feluette) dans des verres n’étant pas au goût de tous. Mais ce n’est pas vraiment la place pour être fancy en fait. Comme nous étions à pied, nulle anarchie liée aux approximatifs conseils géo-directionnels de co-pilote ne s’est abattue sur nous. En contrepartie, et c’était prévisible, on s’est fait avoir comme des touristes! Les chariots ne roulent que pendant le jour! En effet, pourquoi donc rouler entre les tables le soir quand la place n’est pas bondée alors que c’est tellement plus plaisant de le faire sur l’heure de dîner et d’écraser à qui mieux-mieux les orteils d’un paquet de clients gratteux tout en sussurant entre ses dents d’un sourire artificiellement crispé : « quingtoé mon glisse de glatteux » ? Qu’à cela ne tienne, nous avons commandé à la carte. Menu majoritairement constitué de porc et crevettes dans toutes les déclinaisons. On n’a juste pas eu le guts d’essayer les pattes de canard et nous avons aussi passé outre le Beef Stomach sur la recommandation de notre serveur. « You may not like » qu’il nous a dit! Le menu regorge de belles trouvailles mais est très inégal côté goût. Beaucoup de pâte et de friture. À y aller souvent, on spot sûrement les meilleurs de la liste.


Le Jet Setter semble trouver son compte sur la liste des vins assez restreinte. Les «Queers » émettent quelques commentaires sur la propreté douteuse du tapis et l’état des vitres remplies de marques de doigts graisseux. Nous les mettons au diapason des dernières tendances en matière de testing de qualité des dim sums, ie pitcher les dits morceaux dans la vitre, si rebond il y a, manger sans attendre sinon mettre de côté. Ils semblent rassurés et nous pouvons enfin commander.


Quand tu vois un autobus de touristes chinois débarquer dans le resto, tu te dis que soit ils se sont fait avoir, soit ils s’ennuient de la maison. Donc juste pour vous informer mesdames messieurs, le Social sort son chinois du dimanche et ne réussit finalement pas à tirer de commentaires savoureux de nos visiteurs mais plutôt quelques sourires gênés. D’après moi, ses phrases toutes faites s’adressaient peut-être à un public plus averti. Nous en concluons que c’est comme si on allait en Chine à manger des dim sums pendant trois semaines pis qu’à un moment donné, on donnerait sûrement toute notre paye pour une grosse poutine ragoutante avec un rotteux on the side!


Nous recommandons ce resto après votre Tai-chi du dimanche matin dans le parc voisin ou simplement pour un lunch sympathique et différent entre collègues de travail. Pas sur que c’est winner de faire comme l’ami de l’Avocat que nous avons rencontré là-bas et d’y sortir une demoiselle si c’est une première date pour l’impressionner. Ça score moyen. Tu passes pour un gratteux ou pour un gars qui a honte d’être vu en sa compagnie.


Nous recommandons aussi fortement de traîner votre ciré jaune car quand ce n’est pas un ouvre-bouteilles traître, ce sont les baguettes qui se rebellent et peuvent vous attaquer! Combien ça coûte faire laver un suit Hugo Boss Mr. Jet Setter et Mr. l’Avocat? « Ah… vous les jetez et en sortez juste un autre hein? ». En tout cas, on sait maintenant où ils vont mettre l’argent économisé car avec le coût de la facture totale de 130$ pour 5 (alcool inclus) ça reste dans le très cheapo et surtout pas mal exotico.


Coût total de l’aventure :

55$ de Dim Sum pour 5 personnes (incluant le thé a volonté, des quartiers d’orange en dessert et des biscuits de fortune que le Social dérobait à son entourage sans remords)

1 bouteille de Jacobs Creek 32$

6 Tsingtao (bière blonde feluette chinoise)

Grand total 130$ pour 5 personnes, vraiment cheapo!


Restaurant Ruby Rouge


1008, Clark

514-390-8828


vendredi 19 septembre 2008

Part 6 : Chez les Mexicains

Chers/ères restophiles,

En cette semaine festive de son 198e anniversaire d’indépendance, nous traitons aujourd’hui d’un digne représentant en sol montréalais du pays qui nous a fourni Speedy Gonzalez durant notre jeunesse et la Tequila par la suite et j’ai mentionné MMMMMMMMEXICO!

Alors que nos conseillers juridiques commençaient à recevoir des menaces de poursuite pour fausse publicité à notre égard au sujet de l’utilisation du Cheapo dans notre appellation, nous portons un effort spécial côté budget. Ceci nous amène au Petit Coin du Mexique, établissement chaudement recommandé par deux de nos membres qui savent ici de ce qu’elles parlent. Il y a en effet la Marquise de l’ITHQ ainsi qu’une resplendissante descendante directe de la lignée royale Aztèque. Faque, on est en bateau…

Encore une fois il y a imbroglio à l’arrivée dans les environs du resto. Ma foi ces co-pilotes! « Quoi Gen? C’est moi qui ai pris la réservation? »… « Euh… Quossé ça change ça! »… Une fois les incohérences démêlées, nous y entrons. Il y a 11846 kilomètres entre Mexico City et Tbilissi, la capitale de Géorgie et c’est représentatif de l’écart entre notre feutré resto Russo-Kazakh-Giorgio de l’autre jour et ce criard Mexicain. Du monde partout, un plancher en terrazeau, les banquettes, la musique latine, les napperons de couleurs pétantes accrochés au plafond de bord en bord de la place pis une micro-épicerie dans le fond, où tu peux aussi bien te procurer une grande variété de denrées importées directement du sol mexicain nécessaires à la préparation des mets typiques de ce pays, que louer des films en espagnol! Comment ne pas aimer, nous sommes vendus d’avance.

Une fois assis, nous rencontrons Ronald, le fils du proprio. Bien que nous arrivions avec une vague idée de que nous voulions, il fut d’une très grande aide à nous guider entre la grande variété des plats offerts. Tu sais pas quossé ça goûte la sauce au chocolat épicé? Et bien en deux temps, trois mouvements, il réapparaît avec un échantillon accompagné de nachos, faits maison bien sûr. Et tout ça, sans même savoir qu’il faisait affaires avec des critiques internationalement reconnus… Trop fort…

Juste décider quoi boire est déchirant. Il y a une bouteille de vin, du vin maison, des bières mexicaines, de la sangria MAIS AUSSI mesdames et messieurs, de la liqueur à l’ananas, au tamarind et à plein d’autres saveurs inhabituelles. Amateurs de Denis, levez-vous et louangez le Seigneur! Nous y allons avec le vin mexicain, le L.A. Cetto. Étant un grand connaisseur de vin, sachant sans problèmes différencier le blanc du rouge, même les yeux fermés, je trouve qu’il a un goût différent et ma foi fort agréable. Gen semble abonder du même sens. Pour l’entrée, indécis encore une fois devant la multitude de choix, nous y allons d’une entrée mixte qui nous arrivera accompagnée de sauce verte et rouge d’un niveau de piquant acceptable pour mes frêles papilles, en plus de guacamole. Ça part bien le bal. Nous enchaînons avec l’assiette de tortillas croustillants au poulet (appelés "tostadas" dans la terre de Quétzalcoatl) ainsi que les tacos al pastor, du porc mariné d’une couleur orangé-Grand Canyon. Sublime. La panse enflée et les pantalons détachés, nous ne pouvons nous résigner à shorter le dessert, ayant bâtis des attentes élevées face au gâteau aux trois laits dont nous avions même entendu parler de la bouche de nulle autre que Bernard Derome à la politically correct antenne de Rédio-Kénada et qui mentionnait à son sujet: « Si la tendance se maintient, j’vas bin peser 260 livres à Nouel moé bâtard! ». Nous commandons donc le dessert divin et attendons patiemment, salivant tels les chiens de Pavlov. Enfer et damnation! Le dernier morceau vient tout juste d’être servi à un autre client. Je jette un regard assassin de l’autre côté de la pièce vers l’impertinent qui me prive de mon nanane. Comme plusieurs clients de l’établissement, il est hispanique. Nul besoin d’échanger de mots, il est entendu que nous nous rencontrerons un peu plus tard au rack à bicycles pour régler nos différents. Entre temps, nous nous replions sur les pêches avec rompope, des pêches accompagnées d’une liqueur aux œufs, jaune sucrée et alcoolisée (du vrai lait de poule, l’alcool en plus!!), qui ne sont pas piquées des vers itou.

Coût total de l’aventure 74.60$ incluant une dizaine de dollars dépensés dans la micro-épicerie pour acheter des spécialités mexicaines, dont un pot de cactus marinés. Après avoir discuté davantage avec Ronald, qu’il nous ait remis une invitation aux festivités se tenant à l’Île Ste-Hélène le lundi suivant et qu’il nous ait promené dans la face le gâteau aux trois laits en préparation à ce moment afin que l’on revienne en courant ultérieurement, nous sortons de l’établissement. Mon nouvel ennemi se trouve sur le trottoir, attendant ma sortie, sombrero sur le coco et maracas aux poings pour entamer la confrontation. Illico, je me dirige vers ma voiture quérir mon habit de combat pour que nous soyons à armes égales. J’enfile donc ma tuque bleu-blanc-rouge du CH maculée d’huile à moteur et agrippe mes cuillères de bois. Heureusement, Gen calme mes ardeurs en me mentionnant que nous ne voulons peut-être pas nous mettre à dos ceux que nous considérons désormais comme hôtes de choix en semant la discorde dans leurs établissements. Je fais donc contre mauvaise fortune bon cœur, tendant la main à mon opposant alors que nous finissons le tout en buvant la tequila de la paix en chantant La Bamba, dansant bras-dessus bras-dessous rendu au ¾ de la bouteille.

Nous devons donc conclure que le Petit Coin du Mexique est un must qu’on peut visiter à répétition sans que ça nous coûte la peau des fesses, pouvant troquer le vino pour une Denis au fraise version mexicaine. L’accueil est chaleureux, le choix des mets est impressionnant, intriguant et authentique pis c’est bon en clisse. En bonus, on peut y emmener les enfants qui se sentiront à leur place dans cet endroit fourmillant. À quand la chaîne pour que j’en aie un à côté de chez-nous?

Flashback

Premièrement, nous tenons à faire un retour sur notre chronique précédente « Chez les Popovs ». Tel que mentionné dans la Presse du vendredi 12 septembre 2008 page A21, date de la parution de notre chronique, la crise Géorgienne s’est terminée. Coïncidence? Nous aimons penser que notre effort hebdomadaire pour réunir les peuples commence à faire son effet. Bouzos : 1, Belligérants des 4 coins du globe: 0.

Deuxio, nous sommes certains que tout comme nous, vous avez suivi avec grand enthousiasme la soirée hors d’ondes des Gémeaux pour savoir si notre ami Serge Morache, co-propriétaire du Baron de Faillon de Villeray, personnage mythique d’une de nos précédentes aventure, avait remporté la précieuse statuette dans la catégorie maquillages/coiffures. Tel que Serge lui-même l’avait prédit, il s’est fait battre par le Bye Bye de RBO 2007. La vie est vraiment cruelle. Nous lui transmettons toutes nos félicitations ainsi qu’à tous les nominés.

Le Petit Coin du Mexique

2474, rue Jean-Talon Est
514-374-7448

vendredi 12 septembre 2008

Part 5 : Chez les Popovs

Chers/ères restophiles,


Toujours à l’affût de l’actualité dans les points chauds du globe et à titre de grands rassembleurs et pacificateurs, notre choix de resto de cette semaine s’est imposé de par lui-même : le Georgia, un restaurant dans la catégorie des previously known as russe. C’est donc tout-de-go après le boulot que nous dirigeons vers l’intersection de Queen Mary et de la voie de service de Décarie (vous entendez déjà le gazouillis des oiseaux n’est-ce pas?) pour notre aventure à l’est du rideau de fer, où certains points en sont encore à être éclaircis semble-t-il.


Afin de nous assurer une place pour découvrir le patrimoine culinaire de la patrie élargie de Vladisilav Trétiak, Gen a préalablement placé un appel pour réserver. Au téléphone, elle se fait apostropher par un « Hello!!! » sur le ton d’une fermière de 300 livres recouverte de 6 épaisseurs de vêtements en pleine Sibérie à moins 40 qui se ferait déranger pendant sa deuxième bouteille de vodka. Une Face de Ciment du nordique pardi! Mais comme nos expériences précédentes nous l’ont démontré, la première impression n’est pas toujours la bonne. Pour les besoins du texte et comme nous n’avons culturellement que le choix entre Olga et Natassshhhaaaa, nous vous laissons deviner duquel elle héritera.


C’est donc remplis d’images vodkanesques en tête que nous nous y retrouvons un mardi 18h30, lendemain du retour de Gen au Kénada. Pour ma part, afin de me glisser incognito parmi les popovs, je porte le chandail no 27 du CH, le jackstrap de Kostitsyn acheté sur E-Bay sous mes pantalons d’un gris soviétique ainsi qu’un casque de poil avec des oreilles par-dessus ma casserole bleue de Peacekeeper. Gen pour sa part avait revêtu son kit de bonne en latex gris lustré avec la cravache en accessoire tout en ayant pris soin de se fixer un grain de beauté à la joue duquel émergeait un solitaire poil. Le couple soviet typique…


Nous entrons. La place est vide… Non non, vide bin raide, même pas de staff! Bin coudonc, on va s’asseoir. Outre l’absence de tout bipède dans l’établissement, il y a un petit je ne sais quoi qui ne jive pas. La décoration? Non, les nappes d’un blanc immaculé et les boiseries oscillant entre le rouge sang de bœuf et le bourgogne créent une atmosphère chaude et de bon goût. Ce look, l’énorme foyer qui meuble les lieux ainsi que les éclaboussures de slush qui doivent recouvrir la vitrine en hiver nous pousse d’ailleurs à vous inciter, le cas échéant, à choisir une soirée parmi nos huit mois d’hiver pour fréquenter ce restaurant pour mieux profiter de l’expérience. Mais voilà exactement ce qui ne cadre pas. Nous n’avons pas l’impression d’être dans un restaurant! On se croirait dans une salle à diner arrachée à une villa soviétique et transportée dans Côte-des-Neiges. Comme pour renforcer cette impression, Olga émerge d’une porte menant au sous-sol où se trouve la cuisine.


Après avoir jasé avec la dite louve qui affichait initialement une expression ambivalente entre « pitié SVP, arrêtez de parler français » et « j’espère que vous réalisez que je comprends foutrement rien » mais qui baragouine un anglais incertain, nous sommes informés qu’elle n’est pas russe, ni georgienne… ni top modèle (!) mais bien kazakhstanaise. Nous nous sentons floués comme Natassshhhaaaa dans Lance et Compte quand Sergei Koulikof lui annonce qu’il passe à l’ouest. Voilà notre discussion géo-politico-alcolo-sociologique qui prend le bord. Nous pourrons toujours nous rabattre sur l’écran géant qui scrappe un tantinet le décor pour nous imprégner de la culture locale, une espèce de comédie musicale de Noël avec des reprises de Grease et de I will Survive en russe… spécial…


Pas de caviar ni de vodka à l’horizon. Enfer et damnation! Qu’à cela ne tienne, nous avons tout de même droit à un menu typiquement russo-georgien, totalisant 17 voyelles réparties sur trois pages. Nous attaquons fort avec une borshtch en entrée, soupe à quatre légumes (betteraves, oignons, navets et patates) avec son soupçon de crème sûre, assez épaisse pour être mangée avec une fourchette à deux dents (on se rappelle qu’une soupe avec plus de 34 ingrédients mais claire comme de l’eau nous avait été servie chez l’africain). Un goût de jus de betterave pas mauvais mélangé avec un fond de bouillon de viande, un peu comme quand on wipe notre assiette avec un morceau de pain à la fin d’un pâté chinois chez môman.


Le repas principal était composé d’un chachlyk de filet mignon (brochette) ainsi que de khinkalis (des ostis de gros dumplings). J’étais quelque peu hébété pour vous dire la vérité lorsque m’a été présentée mon assiette de dumplings sans rien d’autre, chnue d’même. Force est d’admettre que ce plat sera vraisemblablement la raison principale d’une éventuelle deuxième visite. La cuisine russo-georgita ne donne pas dans la dentelle et n’évoque peut-être pas le raffinement mais propose tout de même un mélange de goûts très intéressants et étonnamment savoureux. Coût total de l’aventure, 95$ plus pourboire, incluant une bouteille de cabernet sauvignon tout à fait respectable.


Donc endroit que nous recommandons pour la nourriture excellente et l’atmosphère cozy en passant sous silence le service Ladaien. Un must pour les froides soirées d’automne et d’hiver pour un repas réconfortant sur le bord du foyer. Mise en garde : si vous consommez de la vodka ou quelques verres de vin, attention aux escaliers qui mènent à la salle de bain car l’inclinaison à 80 degrés favorise la déboulade et vous pourriez facilement vous retrouver au beau milieu des chaudrons tout au bas assez vite merci, d’la borshtch dans l’toupet.


Comme vous le savez probablement tous, le 16 septembre prochain est une date importante. C’est effectivement l’Anniversaire de l’Indépendance du Mexique! En cet honneur, notre chronique vendredi prochain portera sur un restaurant de ce pays.

Le Georgia

5112, boulevard Décarie

514-482-1881

vendredi 5 septembre 2008

Part 4 : Chez les Chiliens

Chers/ères restophiles,

Suite à notre décevante première visite dans l’hémisphère nord, nous sommes retournés nous ressourcer dans la chaleur de l’Amérique du Sud, plus précisément au Chili. Comment pourrions-nous être déçus par la cuisine de cette Mecque de la sauce, élément essentiel à toute bonne recette de pains fourrés. Tant qu’à avoir abordé ce sujet et coïncidemment avec la rentrée des classes, est-ce qu’on pourrait me dire pourquoi ce mets n’est que populaire dans le temps des Fêtes? Il est parfait pour les lunchs des enfants entre autres mais constitue aussi, dans sa forme surgelée, un très bon obus pour calmer les ardeurs des animaux domestiques du voisinage, ces derniers se chargeant de faire disparaître toutes preuves des attaques par la suite. Alors qu’il est essentiel de toujours questionner les normes établies, voici le conseil de la semaine : Fourrez à l’année.

Vous avez probablement jusqu’ici noté l’objectivité ainsi que la retenue dont font preuve les auteurs dans leurs textes afin de laisser toute la place à l’interprétation que s’en fera le lecteur. Je tiens à vous avertir que ce ne sera pas le cas ici.

Alors que privés de rayons UV pendant la quasi-totalité de ce qu’il est théoriquement tenu d’appeler l’été, nous avons sauté sur les premières journées consécutives de beau temps pour nous réserver une petite place sur la terrasse du Canard Rouge sur Rachel, coin des Érables, offrant une table de spécialités chiliennes mais aussi argentines et mmmmmexicaines. D’emblée, le look initial du resto par ce lundi pluvieux (!!!) est suspect. La terrasse semble de fortune et est entourée de petits étendards aux couleurs du Chili, de l’Argentine et du Québec, tous enroulés autour de leur corde tels des guirlandes de fanions défraîchis d’un garage de voitures usagées dans un bled perdu du Québec rural. Mais l’ensemble se marie tout de même bien au graffiti qui occupe un pourcentage imposant de la tôle ondulée en façade. L’intérieur, à prime abord est tout aussi suspect. Personne derrière la lignée du bar, deux irréductibles chiliens y étant accoudés et deux demoiselles tout au fond qui s’avéreront se regarder un peu trop dans les yeux pour me permettre d’utiliser mes super-pouvoirs de séduction dérivés de mon statut de superstar de la critique gastronomique. Mais, comme il a déjà été maintes fois prouvé à chacun de vous par le passé, il ne faut jamais se fier aux apparences.

Des objets culturels, des photos de personnages historiques et politiques chiliens, un cadre de Tony Montana (aka Al Pacino dans Scarface) tous accrochés aux murs dans un désordre parfait, le tout enveloppé d’une musique latino un tantinet criarde dans une atmosphère sablée par le temps. On n’a qu’à cligner des yeux qu’un peu plus lentement qu’à l’habitude pour facilement jeter un regard nouveau sur une rue ensoleillée dans un climat aride par les demi-portes de garage vitrées qui nous entourent, une vision toute autre que ce merdeux lundi soir pluvieux où l’on recommence malheureusement à se questionner s’il ne faudrait pas se traîner une petite laine.

Les plats dont ont joui nos papilles gustatives toujours en manque de nouveauté sont les suivants : en entrée, soupe aux lentilles et calmars marinés dans la salsa à la coriandre et en repas principal, asado style argentin (des ribs coupées de l’autre bord) et une bavette à la chilienne, ie avec un œuf cuit dessus. (Il est à noter que contrairement à ce que mon ignorance m’a dicté de spécifier dans l’aparté sur le Robin des Bois, il n’y aurait semble-t-il nul besoin de spécifier la cuisson lors de la commande d’une bavette, celle-ci devant être de facto saignante et non accompagnée de ketchup. Je tiens à remercier nos lecteurs pour ce genre d’informations qui nous permettent de nous améliorer sans cesse pour votre pur plaisir et les rassurer que je n’en garde aucunement rancune ni aucune note dans un petit calepin noir dans mon 2e tiroir de bureau) Les portions étaient généreuses, style brochetterie grecque, servies avec montagnes de riz, de salade ou de frites. Le vin chilien était abordable et ben d’adon alors que les shooters de Pisco su l’bras l’étaient encore plus, le tout précédé d’une trempette de salsa maison en appetizer, su l’bras itou. 75$ pour deux personnes, on a trouvé ça plus que correct. Ce n’est pas de la haute gastronomie mais ça fait très bien la job.

Mais outre l’ambiance et la bouffe, c’est le proprio qui fait le charme de l’établissement. Patricio Rojas, Pato pour les intimes, est de loin le plus sympathique propriétaire qu’il nous a été donné de rencontrer. Le nom de son restaurant vient d’ailleurs directement de son nom (Pato qui signifie canard et Rojas qui signifie rouge en espagnol). Peut être n’aurions-nous pas eu droit à un service aussi personnalisé si nous n’avions été seuls dans l’établissement par ce lundi soir pluvieux. Peut être n’aurions nous pas appris que ce chilien d’origine est atterri au Québec en 1978 après avoir été remercié successivement de son Chili natal en 1973 et ensuite de l’Argentine en 1976 après deux coups d’état, ni qu’il était soudeur de métier dans le domaine de l’acier jusqu’à l’ouverture de son resto il y a trois ans. Peut être ne nous aurait-il pas décrit avec ferveur différents drinks chiliens dont le surprenant Calimucho (moitié-moitié vin rouge-Coke), ni la présence d’un band de Cueca (danse chilienne) les vendredis dans un coin de son commerce, ni la projection de films en espagnol les vendredis d’hiver. Mais nous n’aurions à coup sûr eu droit à rien de cela n’eut été d’un être des plus sympathique, intéressé à partager les petites particularités de son coin de pays avec une joie communicative. J’en ai presque esquissé un sourire… et ce n’est pas peu dire.

Notre suggestion d’activité pour le mois de septembre, le mois du Chili, est un gros party chilien organisé par Pato lui-même dans le sous-sol de l’église au coin de Rachel et Papineau le 13 septembre avec musique et repas festif. Et comme ma collègue et moi ne ménageons rien (temps, argent, nettoyeur, calories, parcomètres) pour vous pondre ces textes, il est temps de nous rendre un peu la pareille. Juste pour nous faire plaisir, nous aimerions qu’au moins un de nos lecteurs aille manger au Canard Rouge d’ici la fin septembre et nous envoie une photo de sa personne en compagnie du proprio à restodelbouzo@gmail.com. Nous les introduirons dans la chronique sur le blog, n’ayant gardé aucune preuve de notre passage dans ce merveilleux restaurant.

Qui sait, peut-être que son histoire constituera un actif important advenant un coup d’état ici même portant les souverainistes au pouvoir et sécessionnant le Québec comme la voie référendaire s’est avérée jusqu’ici peu concluante. Quand les habitants de Westmount, les auditeurs de Radio-Canada et les gens dont le rouge est la couleur préférée seront déportés, ils pourront songer à Pato et se lancer dans la restauration dans leur pays d’adoption et y jaser de poutine et de tourtière, de la 50 pis du caribou ainsi que du Canadiens et… encore du Canadiens, arborant fièrement la ceinture fléchée et des raquettes en babiche, postés devant une pancarte SO-SO-SO…

Canard Rouge

2150, rue Rachel est
514-529-8686